Derrière la porte, une silhouette gracile, timide, se profile. Sa chevelure, aussi blonde que les blés de l’Ukraine, est coiffée en une tresse sage. Ses grands yeux clairs sont du bleu du drapeau de son pays.

Craintivement, elle sourit aux visiteurs qui se pressent dans l’entrée de sa nouvelle maison. Que veulent ces gens qui ne parlent pas sa langue et dont elle n’imaginait pas, il y a encore quelques semaines, devoir faire la connaissance dans un pays étranger.

Elle ? C’est Yuilia, une écolière Ukrainienne de 7 ans, haute comme trois pommes, qui était, il n’y a pas si longtemps, une gamine rieuse, espiègle, insouciante, et que le hurlement des sirènes et le fracas des bombes ont traumatisée, lui ôtant brutalement sa joie de vivre enfantine.

Cette nuit-là, alors qu’elle et sa famille s’étaient une fois de plus réfugiées dans ce sous-sol, sombre, sans eau courante ni confort, l’immeuble voisin du leur est détruit par un bombardement faisant vingt-deux morts. Sa famille se résout alors à fuir Soumy, ville de trois cent mille habitants, située au Nord-Est de l’Ukraine, à 30 kilomètres de la frontière avec la Russie.

Laissant derrière eux à la fois leur fils et père de Yuilia, volontaire pour défendre son pays, et tout ce qu’ils possèdent, Viacheslav, ingénieur dans une entreprise de matériel agricole en retraite, Lidiia, vendeuse, elle aussi retraitée, Oksana, belle-fille des précédents et maman de Yuilia, comptable, et Natalia, sa belle-soeur, professeur de langues, se résolvent, la mort dans l’âme, à fuir leur pays.

Parvenue, au terme d’un périple harassant et dangereux, à la gare de Poltava, la famille s’entasse dans un train déjà bondé qui les conduit jusqu’à Lviv, à 100 kilomètres de la frontière Polonaise. De là, avec l’aide de volontaires Ukrainiens, ils franchissent enfin la frontière et sont accueillis en Pologne.

Leur voyage ne s’arrêtera pas là ! La petite famille souhaite rejoindre au plus vite, Alona, la fille de Viacheslav et de Lidiia, arrivée en France voilà 6 ans avec sa fille Margo, et qui vit dans la vallée de la Bruche avec son mari Eric. Ne souhaitant pas être séparés, commence alors pour la famille un autre combat : trouver un logement proche de chez Alona et suffisamment vaste pour accueillir tout le monde.

Un logement vacant est finalement trouvé à Wisches, au-dessus du bureau de poste. Reste encore à le meubler et à l’équiper de manière à ce que les cinq personnes puissent y vivre le plus confortablement possible. Le réseau d’aide aux Ukrainiens, rapide, efficace, s’active et en quelques semaines, le logement est prêt !

Ce mardi, une délégation de la municipalité de Wisches-Hersbach a été reçue autour d’une collation offerte par la famille Ukrainienne et Alona, qui servait d’interprète. Avec émotion, Viacheslav a remercié la commune qui les accueille ainsi que tous ceux qui leur apportent aide et soutien, pour leur gentillesse et leur chaleur humaine. »

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